Florelle Moire est Chief Happiness Officer (C.H.O) chez Intuiti, agence digitale nantaise depuis 5 ans. Nous entendons beaucoup parler de cette fonction depuis plusieurs mois et avons voulu en savoir plus!
Sommaire
- Bonjour Florelle, pouvez vous nous en dire un peu plus sur votre poste de C.H.O chez Intuiti?
- Mais en gros qu’est ce qu’un Chief Happiness Officer?
- Quelles seraient pour vous les différences avec la fonction de DRH ?
- Quelles sont les qualités requises selon vous pour être CHO ?
- Ce poste nécessite-il plus des savoirs faire ou des savoirs être?
Bonjour Florelle, pouvez vous nous en dire un peu plus sur votre poste de C.H.O chez Intuiti?
Je suis arrivée chez Intuiti en octobre 2012 en tant qu’Office Manager. Progressivement et naturellement, j’ai pris de nouvelles missions au quotidien.
Après un séjour dans la Silicon Valley en 2014, mon DG est revenu avec cet intitulé de poste de Chief Happiness Officer ( que l’on peut traduire littéralement en Responsable du Bonheur en français), et me la proposé comme une évidence!
Sur le moment je n’ai pas très bien compris si cela était une blague ou un réel métier.
Mais je me suis renseignée, même si à l’époque il n’y en avait pas en France, j’ai pu prendre la mesure de ce qui m’attendait.
Mais en gros qu’est ce qu’un Chief Happiness Officer?
Pour moi chaque C.H.O a sa propre définition, car en fonction des sociétés les missions confiées ne sont pas les mêmes.
Mais globalement, le C.H.O est la pour faciliter le quotidien des collaborateurs, en mettant en place des actions qui favorisent le bien être en entreprise. Dans la mesure du possible, il doit faire en sorte que les salariés ne soient pas contrariés par autre chose que ce qui se rapporte à leur métier.
Ainsi je m’occupe de la communication interne et de l’évènementiel de l’agence. Je fais en sorte que la cohésion d’équipe soit la meilleure possible.
Je ne suis ni clown ni GO (ndlr:gentil animateur au Club Med). J’ai un plan de communication réfléchi, établi à chaque début d’année, avec un budget, des contraintes et des objectifs à atteindre. Ensuite j’organise des choses au feeling, en fonction de ce qui se passe ici.
Je suis également toujours l’Office Manager d’Intuiti. Je régis le bâtiment et fait en sorte que tout se passe au mieux pour tout le monde.
Je suis également garante de l’accueil et l’intégration de tous les nouveaux collaborateurs.
Bien évidemment a fortiori le CHO est la également pour satisfaire le client puisqu’une équipe qui est heureuse travaille bien 🙂
Quelles seraient pour vous les différences avec la fonction de DRH ?
Le poste de DRH englobe toutes les fonctions et compétences liées aux RH d’une société. Pour ma part en RH, j’interviens sur la communication interne et l’intégration des collaborateurs. Je m’occupe également d’une partie administrative liée aux RH: médecine du travail, sécurité au travail, QVT, RSE…. Mais ne suis pas DRH.
Quelles sont les qualités requises selon vous pour être CHO ?
De mon point de vue, le C.H.O se doit d’être naturellement bienveillant. Cette qualité, intrinsèque à chaque personne, fait la différence dans le quotidien, puisque du coup ce n’est pas forcé. Il faut aimer communiquer avec ses collègues, être curieux, attentif…et donc être à l’écoute des autres et de son environnement.
Il faut pouvoir identifier des problèmes avant qu’ils ne soient trop gros et donc proposer des solutions.
Il faut ne pas avoir peur d’être dérangé, être multitâche, savoir prendre du recul et accepter les échecs. Savoir se remettre en cause sera une des qualités principale à avoir.
Il faut également avoir une certaine expérience professionnelle. J’ai mis énormément de choses en place grâce à mon expérience professionnelle variée.
Et bien évidemment le C.H.O doit être souriant et d’humeur constante 🙂
Ce poste nécessite-il plus des savoirs faire ou des savoirs être?
Les savoirs faire sont divers en fonction des attentes de l’entreprise. Il faut savoir bien communiquer en interne et en externe. Bien faire passer les messages est une des clés de la réussite du C.H.O. Il faut être rigoureux aussi dans l’organisation des choses et faire preuve de créativité et de renouveau. Ces savoirs faire sont importants.
Les savoirs être également, avec peut être plus d’importance car nous devons faire passer des émotions. Nous sommes garants des valeurs de l’entreprise. Nous sommes en quelque sorte “l’image type”.
Pensez-vous qu’un C.H.O ait sa place dans toutes les entreprises?
De mon point de vue, ce poste peut s’adapter à tous types d’entreprises car il ne s’agit en partie que de bon sens. Se soucier du bien être de ses salariés, n’est pour moi pas incompatible avec un fonctionnement d’entreprise, bien au contraire.
Bien sur dans la réalité cela ne se passe comme ça. Mais dans chaque entreprise il y a un C.H.O caché ou même plusieurs. Des collaborateurs qui mettent en place des choses, qui souhaitent les anniversaires, font des cagnottes quand il y a des bébés, qui organisent des apéros…. Il n’y a pas de nécessité à nommer un C.H.O. Mais plutôt la nécessité de valoriser les humains qui composent l’entreprise de diverses manières afin de créer de bonnes conditions de travail.
La reconnaissance est un des indicateurs de bien être en entreprise.
Et puis il ne faut pas oublier que le plaisir au travail et la performance ne sont pas des opposés.
Dans tous les cas ce bien être au travail n’est possible qu’avec la combinaison de deux choses: l’accord de la Direction ou même que cette idée vienne d’elle + un environnement de travail sain (management + environnement de travail + confiance + humain).
Quels sont les freins que peuvent rencontrer les CHO dans le cadre de leur fonction?
Le manque de confiance et de liberté d’action. Beaucoup de choses que je met en place (à 90%) je le fais de mon propre chef, parce que j’ai la liberté et la confiance de mes supérieurs. Parce qu’aussi je travaille beaucoup au ressenti. Les freins peuvent être humains mais parfois aussi budgétaires. On doit faire des choix.
Selon vous, d’où est venu ce besoin de nommer un “Responsable du Bonheur” ?
Pour moi ce besoin est venu de plusieurs choses. D’un effet de mode c’est certain. C’est toujours comme ça. Comme la vague des entreprises libérées ou même de la méthode agile.
Mais ce besoin reflète cependant une réelle nécessité de ramener l’humain au centre.
Les générations sont en train de tourner dans l’entreprise. Les générations Y et Z font et feront changer les choses dans les années à venir.
La roue va tourner. Aujourd’hui le salaire n’est plus le moteur de motivation premier, mais l’environnement de travail, l’ambiance et la flexibilité font rester les gens. J’espère profondément que cette mode se transformera en une nécessité une prise de conscience des entrepreneurs et DRH.
Cependant, beaucoup aujourd’hui se trompent en manœuvrant des gadgets bien être pour palier à un manque humain dans l’entreprise. Ils se trompent. Espérons qu’ils sachent rebondir à leur futur échec.
Enfin, beaucoup s’en cachent, mais selon vous, le bien être au travail a-t-il un impact sur la performance d’un employé ou d’une équipe ?
Bien évidemment. En dehors de l’aspect humain qui doit être la première motivation, la performance et la satisfaction client sont bien évidemment un des résultats de cette préoccupation du bien être de ses salariés. Il ne faut pas s’en cacher.
Un salarié heureux n’est pas absent ou peu, il est loyal envers la société et a confiance en les actions menées. Il croit en la vision de l’entreprise, il est attaché. Il sera aussi plus respectueux de ses collègues, il sera plus motivé et donc plus performant. C’est un tout.